Les collections antiques du musée de Picardie
Sous l’impulsion de la Société des Antiquaires de Picardie, un musée d’art et d’histoire est édifié au cœur d’Amiens sous le Second Empire. Devenu musée de Picardie en 1875, il accueille notamment des collections remontant à l’Antiquité.
Du musée Napoléon au musée de Picardie
La présence de collections archéologiques au musée de Picardie est liée à l’activité de la Société des Antiquaires de Picardie, l’une des plus anciennes sociétés savantes de France, créée en 1836. A l’origine, la Société présentait des objets dans son « musée départemental et communal d’antiquités » dont quelques catalogues ont été publiés. Puis fut décidée la construction d’un bâtiment plus imposant pour exposer les tableaux en dépôt du musée du Louvre, les résultats des fouilles menées en Picardie ainsi que des collections d’antiquités. La Société lance alors une loterie pour recueillir des fonds et ouvre un concours pour trouver un architecte.

Le chantier de ce « palais-musée », sous la direction de l’architecte Henri Parent puis de Arthur-Stanislas Diet, s’étend de 1855 à 1864. L’édifice, au pavillon central majestueux, est influencé par l’agrandissement du musée du Louvre sous Napoléon III. En 1869, la société donne le musée à la ville d’Amiens ; il devient musée de Picardie en 1875.
Les collections grecques et romaines
Outre les collections de préhistoire, le musée accueille une importante collections d’antiquités issues de dons de collectionneurs ou de dépôts de la Société des Antiquaires. Les artefacts gallo-romains provenant de fouilles urbaines et de différents sites de la Somme comportent des statuettes, de la céramique, des éléments architecturaux et des panneaux de mosaïques :


En 1849, les collections grecques de la Société s’enrichissent du don de Théodore de Lagrené (ou Lagrenée), diplomate à Athènes entre 1836 et 1843 :

L’autre donateur d’importance est le peintre et collectionneur Albert Maignan (1845-1908).


Ses collections égyptiennes et grecques sont présentées, avec de nombreuses illustrations, dans la revue Les arts en 1906. Il lègue par voie testamentaire sa collection au musée. Son épouse Louise Larivière poursuit son œuvre en formalisant ce don "Maignan-Larivière" exposé dans un nouveau pavillon attenant au musée en 1929.
Les collections égyptiennes
Le don d’Albert Maignan vient grandement enrichir les collections d’antiquités égyptiennes du musée. Le collectionneur avait acquis notamment en 1904 à Drouot des objets du site d’Abydos en Moyenne Égypte, découverts lors de fouilles menées entre 1895 et 1898 par l’égyptologue Émile Amélineau. Auparavant, la Société des Antiquaires avait acquis en 1839 une « une momie et ses coffres », identifiée comme une certaine Setjaimengaou d’après les inscriptions de son sarcophage. Démaillotée à l’époque, elle présente des yeux factices en calcite qui attirent l’attention des visiteurs. Restaurée récemment, elle demeure une des pièces majeures du musée avec ses sarcophages richement décorés.

La collection s’étoffe dans les années suivantes grâce aux dons de L’État : en 1893, un cercueil au nom du grand prêtre d’Amon Neskafayâ, est déposé par le musée du Louvre. Elle est accompagnée d’une centaine d’objets dont des dizaines d’oushebti, issus du partage des fouilles dirigées par Eugène Grébaut en 1891 à Bab el-Gassous (à côté du temple de Deir el Bahari, en Haute Égypte). En 1907, un masque funéraire et des étoffes coptes d’Antinoë découverts par Albert Gayet sont donnés par le musée Guimet.
En 1882, le don d’un papyrus hiératique de l'époque de Ramsès III (« Papyrus d’Amiens ») par un certain Albert Renouard, militaire qui aurait voyagé en Égypte probablement vers 1881 a enrichi les collections épigraphiques.
Pour en savoir plus
- Site internet du musée de Picardie
- Site de la Société des Antiquaires de Picardie et publications disponibles dans Gallica : Bulletins et Mémoires
- O. Perdu, E. Rickal, La collection égyptienne du Musée de Picardie, Paris, 1994
- Les Collections archéologiques du musée de Picardie-Amiens, Amiens, 1990